samedi 22 juillet 2017

ZBIBA LA TANGEROISE : suite (180 pages)

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...Roman de Khalil ZEGUENDI


A mes lecteurs: Zbiba est une fiction tirée d'une histoire réelle.

 C'est la pénible et douloureuse histoire d'une jeune paysanne de la région de Rgayaa, village situé à mi chemin entre les villes de Tetouan et de Tanger

Je vous livre les premières parties de cette aventure hors du commun en trente pages, sur le blog Bruxellois surement.

Les 150 pages qui suivent vous sont livrées sous forme de livre de poche, si tel est par la suite, votre souhait

Bonne lecture
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Troisième partie


Le village de Rgayaa (En retrait à droite, sur la route No 2- tracé en rouge- reliant Tanger à Tetouan)


1927  : Lekbir quitte ses ânes et rencontre Louazna

En avril 1927, trop occupé à approvisionner les pensionnaires de la caserne, Lekbir  abandonna pour de bon ses ânes et surtout ses ânesses à leur propre sort.

Analphabète, il apprit au contact des soldats de Rgayaa, à parler l’idiome ibérique. 

Les commandes allant crescendo, ll fit appel à deux jeunes Tolbas (assistants répétiteurs secondant le titulaire de la mosquée), affectés au mçid (mosquée) du village, pour l’aider à prendre note des demandes formulées par les soldats.

Quelques mois plus tard, il demandera à l’un des deux répétiteurs, de lui enseigner l’écriture et la lecture de l’arabe.

Rémunérés pour leurs prestations, les deux ex-assistants de l’instituteur et imam coranique du village, accompagnaient régulièrement leur nouvel employeur, à l’important carrefour de La Croix blanche, pour l’aider à se ravitailler en produits commandés par les occupants de la caserne.

Pour le retour à Rgayaa, Lekbir louait les services d’un muletier, qui mettait à sa disposition le nombre de bêtes demandées, selon la quantité de produits à transporter.

L'affaire prend de l'ampleur.

Lors d’une livraison très matinale qui se déroula comme à l’accoutumée au lieu dit «Cruce Blanco», Lekbir aperçut, descendant du dos d’un âne appartenant à son transporteur  habituel, une très mignonne jeune jebliya (habitante du jbel (montagne)

Il ne la quitta pas des yeux, tant le charme espiègle de la jeune montagnarde le subjugua.

Ses cheveux noirs et abondants dépassaient de la belle Chechya (sorte de sombrero local), pour atterrir sur sa poitrine.

S’adressant au muletier  :

"Dis donc, Hmida, tu me  caches des choses". 

Enchaînant:

"Tu ne vas pas me dire que la belle gazelle est ta femme".

"Tu plaisantes Si Lekbir. Elle n’a que vingt ans. C’est l’une de mes six filles".

"Je veux bien te croire", Répondit Lekbir, soulagé de savoir que la jeune fille n'était que l'une des filles du muletier

Se tournant lentement vers celle qu'il convoitait, le fournisseur de la caserne espagnole dit

"Et quel nom t’a donné ton père  ?"

Les joues rouges comme de la fraise, la jeune fille répondit, après avoir jeté un coup d’œil en direction de son père

"Louazna, Sidi"

Voulant taper le fer tant qu’il était chaud, Lekbir se tourna vers le muletier  :

"Ce n’est pas un peu honteux d'imposer ce travail à cet enfant  ?"

Ajoutant  :   

"Confie la moi et tu verras ce que je lui apprendrais à faire au sein de mon affaire."

Hmida, qui éprouvait toutes les peines du monde à marier les quatre aînées de ses filles, fit mine d’être atteint dans son amour propre de père.

Il dit, regardant vers le ciel: 

"Depuis que l’aînée de mes filles a quitté mon autorité sans laisser de trace, j’ai juré par Allah et son prophète qu’aucune de mes autres filles ne  quittera ma maison sans avoir été mariée."

Lekbir, qui n’avait pas sa langue en poche et qui savait ce qu’il voulait, répondit à Hmida.

"Marché conclu, Ssi Hmida, demain après midi, je viendrai chez toi à Jhaimate et on fera l’affaire suivant la Sunna d’Allah et de son prophète, le salut soit sur lui".

Pendant que les assistants  de Lekbir aidaient Hmida à charger les mulets, leur patron s’approcha de Louazna et lui glissa discrètement dans l’oreille:

"Débrouille toi pour que je te retrouve ici même, cet après midi à cinq heures. J’y compte."

Jouant  la vierge effarouchée, Louazna ne dit rien mais adressa à Lekbir, un regard malicieux qui en dit long sur ses bonnes dispositions à suivre à la lettre les indications de l’ex ânier de Hajj Kaddour.

A l’heure convenue, déguisée en homme, Louazna qui avait endormi la vigilance de son père, rejoignit Lekbir, en empruntant les nombreuses collines séparant le village de Jhaimate du point de passage du Cruce blanco.

A l'insu de son père qui perdra la seconde de ses filles, elle deviendra, après un court passage en compagnie de Lekbir, chez un notaire religieux de Tanger, la femme du fournisseur de la caserne de Rgayaa. 

Ce faisant, la jeune paysanne ne savait point qu'elle sera condamnée à ne jamais revoir sa famille. 

A SUIVRE (samedi prochain)

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